Chroniques avaloniennes
Chronique de la bataille d'Hastings

Notes

[1] Englisc : nom donné à l'époque aux Anglais. Du fait de la domination de la culture saxonne depuis le Ve siècle, nous disons aujourd'hui Saxons. Rappelons néanmoins qu'un Saxon vient de Saxe qui est une région bien loin de l'Angleterre...

[2] Miles : mot latin signifiant soldat, désignant à l'époque un guerrier professionnel, souvent noble. Ils ont été nommés chevaliers par la suite.

[3] Bannière au corbeau : c'était la bannière de Fitz Osbern, un des plus fidèle, valeureux et puissant compagnon de Guillaume. Elle est representée sur la Broderie de Bayeux. Sa couleur y est bleu nuit, la couleur que les Vikings associaient justement au dieu Odin, l'Ase aux corbeaux (il est dit accompagné de deux corbeaux, Hugin et Munin, signifiant : la Mémoire du Monde, et la Pensée/Sagesse). Odin est souvent évoqué comme présidant au sort des batailles. Ce n'est pas la preuve que Fitz Osbern sacrifiait au dieu Odin, mais que la symbolique était encore très forte. D'ailleurs, rien que le nom Osbern (signifiant l'ours des dieux), comme nombre de noms de familles normands, reflète encore un attachement à ces vieilles racines païennes.

[4] Sergent : du latin serviere (serjant en langue d'oïl), celui qui sert, les armes en ce qui nous concerne.

[5] Conroi : Un conroi est une unité composée de chevaliers qui se battent ensembles en ordre serré. Ils chargeaient à un nombre plus que variable de front (on est loin d'une armée moderne) et sur deux à trois rangs de profondeur. Le conroi a donc un effet de choc, principe de la cavalerie lourde. Terme médiéval certifié au moins au XIIe ([Piramus] ligne 165 :
N'as tu ore merci de moi ?
Se tu n'en prens prechein conroi,
Ou par enging ou par desroi,
)

[6] Ach, geh geschissa : expression alsacienne, littéralement « vas chier ».

[7] Du Tolweck : expression alsacienne, littéralement « toi, l'idiot ». De nos jours on dirait plutôt « quel con ».

[8] Fyrd : levée des hommes libres de 16 à 60 ans qui se faisait par secteurs géographiques. Ils devaient venir armés avec quelques jours de vivres. Ils suivaient en général un thegn.

[9] Fitz hur : ancien normand, littéralement enfants de putains.

[10] Diex aie : ancien normand, souvent traduit par « Dieu aide », en fait il semblerait que le sens soit plutôt « vive Dieu », « gloire à Dieu ».

[11] Out, out, out... : « dehors, dehors... » à prononcer à la française « OU-T » et non avec l'accent anglais actuel « a-ou-t ».

[12] Sax : (en ancien anglais seax) couteau, le sax traditionnel des Saxons comportait un décrochement anguleux sur le dos de la lame vers la pointe. Les fouilles archéologiques en ont mis à jour de différentes tailles, de 15 à 75 cm. Les premiers sont des couteaux servant certainement pour les repas, les plus longs sont en fait de véritables épées courtes. La majorité font de 25 à 45 cm et sont des outils à tout faire et des armes. Le terme scramasax, souvent utilisé dans les études françaises, est sujet à caution.

Scramasax

[13] Haubert de mailles treslies : cotte de mailles comme l'on dit de façon tout à fait abusive, de nos jours (terme créé au XIXe siècle).

[14] Broigne : ou brogne, protection de corps de cuir, parfois renforcée de pièces de métal. ( [Piramus], ligne 27
Contre ton dart n'a nulle essoigne
Doubles haubers ne double broigne ;
)

[15] Huscarl : véritable caste dans la société anglo-saxonne. Ces hommes, d'origine danoise semble-t-il, n'avaient d'autres choses à faire dans la vie que de protéger leur seigneur. Ils n'avaient aucune autre activité professionnelle, ce qui leur permettaient de ne se consacrer qu'à la guerre. Ces combattants d'élite se battaient jusqu'au dernier si leur seigneur mourait car c'était un déshonneur que de lui survivre.

[16] Senestre : ancien terme (du latin senester) pour gauche.

[17] Thegns : ou thanes, prononcer « tè-n », guerriers semi-professionnels qui devaient le service militaire en échange de terres dont ils avaient la charge. Un teghn tenait souvent l'équivalent franc de 2 à cinq manses, parfois plus.

[18] Dextre : ancien terme (du latin dexter) pour droite.

[19] « Zurück, zurück... » : « en arrière, en arrière », prononcer « tzou-ruc ».

[20] Bougre : terme médiéval pour sodomite, à prendre ici dans un sens péjoratif, vous l'aurez compris...
Ce terme dérive de Bulgarie. Au XIe siècle, une hérésie venant de ce pays était prêchée par le pope Bogomile. Le bruit a couru qu'en mauvais chrétiens ces hérétiques pratiquaient la sodomie. Cette appellation est peut-être légèrement anachronique dans la bouche d'un normand au XIe siècle, mais ce n'est qu'une anicroche de deux ou trois siècles à peine. On nous a habitué à pire...

[21] Grande Moustache : la tapisserie de la reine Mathilde (dite de Bayeux) qui illustre cet épisode de l'histoire montre beaucoup d'Anglais avec de grandes moustaches et les Normands glabres.

[22] Langsax : littéralement long couteau, forme longue du sax, de 55 à 75 cm, qui est une véritable épée courte redoutable en corps à corps.

[23] Farraings : ancien normand pour sauvages, prononcer « fa-rin ».

Références bibliographie et sites

[Bradbury] BRADBURY, Jim. The medieval archer. Boydell.
Un historien renommé sur le Moyen Âge et très sérieux (c'est lui qui a prouvé que les archers anglais ne se plaçaient pas en triangle lors de la guerre de cent ans).

[Gravett] GRAVETT, Christopher. Hastings 1066. Osprey. Coll. Campaign.
Monographie illustrée par des documents d'époque et des interprétations.

[Guest] GUEST, Ken et Denise. British battles. English Heritage.
Ouvrage abordable illustré par de la reconstitution historique (mi-texte, mi-album photos)

[Harrisson] HARRISSON, Mark. Anglo-Saxon thegn. Osprey. Coll. Warrior.
Monographie illustrée par des documents d'époque et des interprétations.

[Hag'Dik] pour ceux qui veulent un florilège d'insultes fleuries en vieux-normand (XI-XIIe), consulter le site de l'association Hag'Dik à la page suivante :
membres.lycos.fr/hagdik/Hastings2000/Insultes.html

[Piramus] Piramus et Tisbé. Poème du XIIe siècle.
faculty.washington.edu/miceal/lgw/thisbe/Norman.html

[Wise] WISE, Terence. Saxon, Viking and Norman. Osprey. Coll. Men-at-Arms.
Monographie illustrée par des documents d'époque et des interprétations.


Notes de Lionel Charluteau sauf pour la bannière au corbeau qui est d'Arnaud Le Fèvre.